Itinérance en Haut Atlas

par | 10 Juil 2023 | Au jour le jour | 3 commentaires

Voici le topo de notre itinérance à pied en Haut Atlas Occidental

3 jours – 45km – difficulté: difficile

Boucle au départ de l’Oukaïmeden, fin juin, accompagnés d’un ami guide pour rejoindre les villages de la vallée d’Oussertek et séjourner à Tidli à La bergerie du Toubkal.

Balade en pleine nature

En toute sécurité

Le pied sûr

Le regard haut

Dans le massif du Haut Atlas

Savoir écouter intensément les vallées où l’on fait escale

Parcourir les pentes 

Passer les cols

Jumelles et appareil photo en main

En attendant la rencontre avec les chèvres

Les bergers

Dix jours à travers les villages berbères

Randonner ici c’est avant tout découvrir ou redécouvrir la culture berbère,

des pratiques ancestrales

Un monde préservé de la vitesse et des apparences.

Jour 1 de marche de Oukaïmeden à Tachdirt par le col Tizi N’Addi (2960 m)

4h

Dénivelé + 200 et -700 m

OUKAIMEDEN https://brevart-venture.com/2023/07/10/oukaimeden-mon-amour/

Montées à travers les alpages dominés par l’Angour (3625 m) dans lesquels les bergers viennent avec leurs vastes troupeaux de moutons et de chèvres. Passage du col, après environ 1h30 de marche et descente escarpée vers Tachdirt.

TACHEDDIRT (2454 m)

Plus haut village du Maroc, campé dans un cadre magnifique au pied du djebel Aksoual.

Le CAF ( Club Alpin Français) y était installé dans les année 80, comme la plupart des bons spots de marche ou de ski de randonnée du coin.

« Le cœur du Haut-Atlas » nous dira « Rom », notre logeur qui s’occupe du “gîte des épices” en contrebas du village à Ouansoukra au cœur de la verdure de cette vallée oasis des montagnes.

Concertant l’architecture des douars, ou des villages, on peut lire sur le site du parc national. Cet encart est un clin d’oeil aux copains d’école de Tomé et Séraphin qui étudient en technologie les habitats à travers le monde.

Un douar comprend généralement des habitations pour quelques dizaines à quelques centaines de personnes, une mosquée avec son école coranique (Timzguida), une aire de battage de céréales (Anerar), parfois un grenier collectif connu sous le nom de Ighrem ou Agadir, et rarement une boutique vendant des produits de première nécessité.

Traditionnellement, les maisons du douar sont construites en matériaux locaux : pierres, bois, terre et parfois pisé (mélange de boue et de paille), leur toit étant fait de troncs d’arbres locaux (genévrier, pin, noyer, peuplier). Elles sont disposées en terrasses, à flanc de montagne, blotties verticalement les unes contre les autres, par manque d’espace constructible. Chaque unité familiale vit séparément dans plusieurs pièces autour d’une cou intérieure, mais par manque d’espace, les pièces sont de plus en plus disposées en étages.

Jour 2 de marche de Tachdirt à Tidli par le col Tizi N’Tiratene

4h

Dénivelé – 600 + 500 – 400 m

Descente à travers les villages durant environ 2h30 sur des chemins empruntés par les locaux. Montée vers le col Tizi N’Timzoughine puis redescendre entre les genévriers face à la vallée de l’Oussertek dont la terre rouge sculpte le paysage.

TIDLI (1650m)

A 1h15 de Marrakech par la piste

Village de pierres rouges au coeur de la vallée de l’Oussertek

Environ 175 familles vivent sur ces villages (Agadir-Gliz-Imzour-Tidli-Timghar)

Nous aurons la chance de passer presque une semaine dans ce village, logé dans le magnifique refuge « la bergerie du Toubkal » que Mustapha a récemment construit .https://brevart-venture.com/2023/07/10/issougane-n-toubkal-un-lieu-reve-pour-decouvrir-la-culture-berbere/. Nous vivons ici les fêtes de l’Aïd en famille et le quotidien des habitants du village. En pleine saison des moissons de l’orge, s’émerveiller aux cris des hommes du balais circulaire des mules lors du battage. Au détour d’une balade, voir les femmes courbées de leurs lourdes charges de foin remonter les pentes raides des chemins rouges d’Imzour. Observer au crépuscule,  le retour de l’imposant troupeau de chèvre du village (au moins 200 têtes). S’éveiller le matin au son du chant des femmes promenant leur vache dans le fond de la vallée ou pourchassant la mule récalcitrante dans le dédale des cultures en terrasse et rejoindre en contre-bas de notre gite les laboureurs à l’ouvrage.

Tous ces travaux de culture et d’élevage sur les abruptes versants de la vallée d’Oussertek aménagent la montagne et assurent en principe l’autosuffisance familiale des habitants. Dans cette société traditionnelle berbère, de nombreux travaux se font collectivement, et ce qui compte pour ces Hommes, c’est de s’insérer pleinement dans leur milieu familial, dans leur village. J’ai pu lire que comme dans la plupart des sociétés rurales, l’esprit de solidarité très développé et est à l’origine des Touiza, universellement connue dans le Magreb. Nous assistons à certaines de ces Touiza, corvées collectives, librement consenties, au bénéfice du groupe ou d’un chef de famille: le battage de l’orge, le labour…

Ce tour du monde n’aurait pas commencé de la même façon sans la chance d’être accueillis en famille durant les temps de l’Aïd au coeur de fêtes traditionnelles uniques.https://brevart-venture.com/2023/07/09/bouilmaoune-entre-fete-rituelle-et-carnaval-au-lendemain-de-laid/

Jour 3 de marche de Tidli à Oukaïmeden par le col Tizi N’Ichmi

Dénivelé + 1000m

4h de marche

2h pour atteindre le col avant de déjeuner et de faire la sieste sous les genévriers 

2 longues heures au rythme de la mule pour finir cette éprouvante montée

Échanger quelques mots dans la langue

Découvrir d’autres cultures paysannes

Vivre la géographie par la marche

Une montagne habitée

Alors que nous ne sommes que de passage

Ecouter le silence habité par des bruits : vent, bourdonnement d’abeilles, cris d’enfants qui montent dans la vallée, cris et chants des hommes lors du battage de l’orge

Assister à une vie si différente de la notre

Me nourrir du silence de la montagne 

Adorer ce moment d’odeur de terre et d’arbre au passage du col

Consciente d’être ici dans un paradis de la rando et de l’escalade, dans un sanctuaire de la culture berbère, je conseille à chacune et chacun de venir découvrir ce pays par la marche. Celles et ceux qui ont envie d’aventure et de tourisme durable pourront chercher ici des aventures et des séjours d’une belle énergie et d’une grande sincérité humaine. Un lieu de repos et de ressourcement qui mérite d’être connu. Merci à tous ceux qui nous ont accueilli. Merci Houssain d’avoir partagé ton amour pour ces montagnes qui sont les tiennes.

Quelques conseils pour trekker ici et sans doute ailleurs.

Être accompagné de quelqu’un qui connaît les itinéraires, les gens, les histoires et qui saura choisir pour vous les meilleurs chemins et le déroulement des journées.

Moi qui suis toujours en train d’apprendre à randonner, j’ai vue combien les choix fait par Houssain concernant notre rythme ont été essentiels. Nous partons après le déjeuner alors que le soleil est haut mais pour marcher intensément 4 à 5 heures et arriver, un peu meurtrie par la marche, à l’heure de la détente dans les légendaires salons marocains. 

Il nous propose des escales chez des habitants dès qu’il sent que nous sommes fatigués ou que le temps menace. Nous poussons la porte d’un jardin de menthes et d’œillets d’Inde pour prendre le thé à l’ombre du noyer. Ce sera une pause délicieuse avant l’ascension du col de Timzourine (2300 mètres)

Notre guide nous emmène dans des refuges, certains diront lodge, d’autre gîte… enfin des lieux où des familles vivent, où des histoires se racontent où les rencontres d’une soirée opèrent.

Nous avons la chance que Luc connaissent du monde ici. Nous sommes accueillis dans les familles, les maisons. Nous rencontrons les cousins, les enfants, les anciens…

Pour celles et ceux qui suivent ce que nous mettons dans nos bagages, un petit mot sur ce qu’il y a dans nos sacs à dos convoyés de village en village à dos de la mule ( tassadoulnt en berbère):

  • Le nécessaire pour une semaine
  • Beaucoup d’eau, les marcheurs le savent, il est conseillé un demi-litre par demie-heure de marche et par personne.
  • Quelques fruits (oranges, melon, dattes) du souk d’Asni
  • un sac de couchage emprunté à Houssein pour peut-être dormir à la belle étoile (Tomé dormira une nuit sur la terrasse, nous, nous préférerons les bons lits douillets (ou non!) dans les refuges)
  • Comme nous partons au moins jusqu’aux fêtes, nous emmenons un peu de linge sale car il paraît qu’un ami à une machine à laver… en fait non et nous sommes bons pour la faire à la rivière.

Ce que Tomé et Séraphin ont appris ici:

A faire le tajine

A faire sa lessive à la rivière 

Un peu du sens du mot spiritualité

A manger le couscous avec le petit lait, agho

Comment les gens vivent ici (sans connexion internet…)

A mettre un chèche

3 Commentaires

  1. Claire

    J ADORE te lire Laurence et ça me donne trop envie de découvrir ces endroits

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  2. Claudia und Bernd-Udo

    juste avant de partir pour l’Espagne : je vous félicite pour vos randonnées et Tomé et Séraphin semblent toujours de bonne humeur – n’est-ce pas ? 🙂
    « Nous avons la chance que Luc connaisse beaucoup de monde ici. Nous sommes accueillis dans les familles et les maisons. Nous rencontrons des cousins, des enfants et des aînés. » Comment Luc connaît-il tous ces gens ?
    Bonne continuation et nous attendons avec impatience d’autres photos et histoires !

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    • Laurence

      Les garçons sont de bonne humeur, s’ils ont assez dormi! C’est vraiment un rythme à trouver…
      Ils sont bons marcheurs. Ca tombe bien car nous faisons au moins 10km par jour que ce soit en montagne ou en ville.

      Luc connait effectivement du monde, particulièrement au Maroc! Il a été plus de vingt fois dans ces lieux et a régulièrement emmené du monde dans le désert et en rando. Une longue vie d’artiste…

      Réponse

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