Ed le gardien des âmes
Derrière les barbelés qui entourent son petit terrain poussiéreux, Ed est assis sur les marches de l’escalier de planches devant chez lui, une seule pièce en bois sur pilotis lui fait office de maison, un matelas crasseux, des boites pour seuls placards et quelques ustensiles ça et là, voilà toute la fortune d’Ed. Ed n’a pas vraiment d’âge, pourtant il ne doit pas être si vieux que ça. Il a une jambe abîmée et un bandage sommaire recouvre une blessure au pied qu’il a l’air de soigner avec juste un tube de paracétamol; le remède du pauvre contre tous les maux!


Le cimetière est enclavé dans le village juste derrière chez Ed. Découvrant que je suis français et non anglo-saxon, le garifuna s’illumine d’un large sourire édenté. D’abord curieux de se que je fais ici, Il est prolixe et me raconte l’histoire de chaque tombe, celle de la vieille tante, du suicidé par chagrin d’amour, des disparus happés par le tsunami, jusqu’au dernier arrivant, un jeune du village pris dans une tuerie entre gangs à Bélize City…
Le dernier ouragan avait tout rasé et tout retourné dans le village, depuis on ne creuse plus les tombes de peur de déranger les ancêtres alors les caveaux sont construits en surface.



Pour les garifunas les ancètres font toujours partie de la communauté et contribuent à la vie du village, alors Ed leur tient compagnie en attendant son tour…
Entre sourire et méfiance
Le contraste est fort entre le front de mer aux villas rutilantes avec leurs plages privées, et le village de tôles et de bois où s’entassent des familles sur quelques mètres carrés et dans une insalubrité totale. Mais ici on est garifuna et sur fond de musique reggae allongés sur de vieux canapés devant chez le barbier le temps s’écoule tranquillement sous une chaleur accablante…
Si Ed « le gardien du cimetière », si reagge-man, si le vendeur de noix de coco et la tenancière du barber-shop m’ont réservé un accueil chaleureux, à Seine Bight on se sent observé, pas vraiment à sa place, et parfois l’on ressent une certaine hostilité dans le regard de quelques-uns … cela peut tout à fait se comprendre, en effet, le Bélize indépendant depuis 1981, est l’un des pays les plus pauvres de la planète, où la côte caraibéenne est colonisée et spoliée par de riches nord américains. Le choc en est d’autant plus fort avec les garifunas vivant dans des conditions plus que précaires, risquant à chaque ouragan de tout perdre de leur fragiles habitations en bois alors que les somptueuses villas telles des bunkers bloquent l’accès à la mer… il en va ainsi à Seine Bigth.




Merci pour ces derniers récits
Durdur de se dire qu’on ne pourra plus voyager grâce à vous
Hâte de voir les carnets de voyage si c’est possible ??!!bises à tous les quatre