De Lima à Medellín

par | 15 Mai 2024 | Au jour le jour | 1 commentaire

Pucusana

Pucusana baie des anges ! Où la jet set de Lima côtoie les réalités péruviennes 

Nous avions finalisé un HomeExchange à Pucusana sans avoir aucune idée du coin. On voulait se reposer un peu sur la côte pacifique après 1mois passé en très haute altitude. Nous sommes arrivés par Lima une capitale tentaculaire de plus de 10 millions d’habitants (3ème plus grande ville d’Amérique latine), c’est une ville gagnée sur le désert où se côtoient immeubles luxueux en front de mer et bidonvilles dans les collines arides où 1,5 millions de personnes n’ont pas d’accès à l’eau courante ! 

La route pour rejoindre Pucusana est postapocalyptique, dès que nous quittons les quartiers riches du sud côtier de la ville, celle-ci longe des zones de plus en plus pauvres et délabrées, installées aux abords de cimenteries et d’usines d’un autre temps. Sur les bas-côtés  jonchés de carcasses rouillées et de dépotoirs, dans une lumière blafarde, divaguent des dizaines de chiens au ventre creux cherchant dans les immondices, un peu de nourriture sous des nuages de poussières jaunâtres poussés par les vents venus du désert. 

Les villes de désert sont toujours très étranges et inquiétantes, les abords de Pucusana, elle aussi plantée dans le désert, n’échappent pas à la règle, et nous nous demandons bien où nous allons atterrir? Nous voilà déposés sur la place glauque du centre ville, non loin du petit port de Pucusana que nous rejoignons sacs sur le dos. Autre ambiance, sous une presque pleine lune, brillent une multitude de lumières orangées se reflétant dans la petite baie de Pucusana; scintillement  d’une myriade de bateaux de pêche,  enseignes lumineuses des gargotes de la petite promenade, lampadaires des villas blanches de l’autre côté de la baie, sur l’île que nous devons rejoindre.

Peque-peque la isla ! Peque-peque la isla ! hèlent les matelots.

On nous propose de rejoindre l’île par le service des ces barques qui font office de taxi.

En quelques minutes pour 3 soles, nous traversons la baie entre les bateaux de pêche et accostons sur la isla.

Notre logement est tout en haut d’un escalier, simple mais parfaite pour nous 4 la petite maison est entièrement ouverte sur la baie par de grand panneau vitrés et une terrasse surplombante, offrant une vue magnifique. La isla est un petit village de vacance insulaire géré en association avec ses micro-plages, son club house et son restaurant, et même son église (Santa Galápagos). Pour y accéder il faut en être membre, ce qui en fait un lieu privilégié pour de riches familles Liméniennes. Laurena qui nous prète sa maison vient d’une famille de médecins de Lima qui passe ses vacances ici depuis des générations.

Il y règne une ambiance que l’on compare facilement à la Grèce avec ses petites villas enchevétrées toutes blanches, et ses ruelles sans voiture.

Nous y passons une semaine très relaxante, rythmée par quelques allers retours au village pour faire les courses, et une sortie de pêche en mer et découverte de la vie marine. Nous ne sommes pas revenus bredouilles mais n’aurions pas non plus ouvrir une poissonnerie avec le malheureux poisson que nous avons attrapé ! 


Une faune marine exceptionnelle

De la terrasse de la maison nous pouvons observer des lions de mer dans la baie et cela nous donne bien envie d’en voir de plus près, Charlie notre capitaine de Peque-peque attitré nous propose une sortie pour faire le tour de l’île, en fin de journée il nous emmène d’abord vers un embarcadère en sortie de baie où se prélassaient 5 à 6 de ces grosses bestioles maladroites et pourtant si agiles sous l’eau. Les mâles sont impressionnants avec leur sorte de crinière (d’où leur nom de lion de mer) et doivent bien peser 4 à 500 kg pour les plus gros. Nous nous engageons en mer pour contourner l’île et pouvons observer dans la falaise pélicans bruns, sternes Inca, goéland Simeon, et un manchot de humbolt… mais quand le surlendemain nous sommes partis pour une journée complète en mer à plus de 30 milles de Pucusana en face de Lima vers les îles Palomino et San Lorenzo, ce ne sont pas quelques pélicans et autres sternes inca mais des centaines voir des milliers, que nous avons pu observer sur ces îles protégées, sans parler des lions de mers entrain de chasser dans les remous, des couples de pingouins de humbolt, des goélands Siméons, des cormorans, des frégates du pacifique,  des gaviotes à capuchon gris… un pur bonheur dont on ne s’est pas lassé durant cette leçon de zoologie marine grandeur nature comme rarement nous n’avions eu (sauf peut être aux Açores) 


Incursion colombienne

La Colombie fait peur, avec toutes les histoires que l’on peut entendre sur ce pays où règnerait corruptions, trafics, enlèvements, meurtres, cartels, guérilla… mythe ou réalité ?

Peu importe, je voulais aller à Meddellin, la capitale culturelle du pays où Fernando Botero vit le jour.

Nous décidons d’y passer trois jours.

Walking Dead Medellin,

Le taxi file à vive allure dans les rues de la ville, elle n’est pourtant pas abandonnée mais à cette heure ci de la journée entre 18 et 19 heures, les seuls habitants que nous voyons, d’un pas rapide rentrent chez eux s’enfermer pour la nuit derrière barreaux et barbelés.

Ça et là quelques lumières blafardes indiquent un petit magasin encore ouvert où l’on peut au travers de solides barreaux acheter un dépannage pour le soir, une dernière bière ou la dose d’alcool qui permettra de tenir encore une nuit pour ceux qui n’ont que la rue.

La ville n’est pas de ces villes délabrées, mais à la tombée de la nuit, elle devient le royaume de tous les dangers, chaque croisement est le repaire des paumés, des sans-abris, des junkies qui les yeux hagards, affamés, assoiffés ou défoncés s’approchent des voitures espérant récupérer quelques pièces ou tirer un sac à l’arrachée.

Notre chauffeur s’empresse de fermer lui même nos fenêtres  pour les réouvrir passé chaque feu de circulation. il nous dépose finalement devant notre logement où nous attend bien barricadé derrière ses barreaux, Gustavo notre étrange hôte. Absolument personne dans les rues, le quartier est calme pour notre première nuit en Colombie.

Comme nous sommes venus ici pour Fernando Botero, Le matin nous décidons donc de nous rendre à la place qui porte son nom et au musée qui lui est consacré. Nous irons à pied pour découvrir les ambiances de cette ville espérant qu’elle sera plus accueillante que la veille au soir.

De jour, elle est très animée, sous le métro aérien, le boulevard qui la veille au soir était désert, s’est métamorphosé en un marché débordant sur la route dont il ne reste plus qu’une voie de libre pour des bus lancés à vive allure qu’il faut savoir éviter. Cela grouille de monde, une population héthéroclite s’affaire à tout vendre, vraiment à tout vendre, Laurence ne se sent pas trop rassurée, les enfants sont curieux mais restent bien collés à nous.

J’adore ce genre d’ambiance sachant qu’en pleine journée il serait étonnant qu’il nous arrive autre chose que l’agilité d’un pick pocket mais comme nous n’avons rien sur nous…

Tout se vend, fruits, légumes, téléphones, contrefaçons de toutes sortes, électroménager, pièces détachées, billets de loterie, bière… et devant les officines officielles, officient des gardes armés jusqu’aux dents, génés en rien qu’à un mètre de là, s’opère impunément toute sorte de trafic.

Alors que nous venions juste d’enjamber un junky totalement défoncé sur le trottoir ! 

Séraphin et Tomé se font interpeller avec empressement .

 – « cocaïne, free cocaïne man »

C’est vous dire qu’ils ne la ramenaient pas trop 

Bienvenu à Medellín

L’enfant du pays

La place Botero est un musée à ciel ouvert des dernières sculptures de l’artiste, où de nombreux colombiens aiment à venir pour immortaliser l’instant d’un traditionnel selfie pouces levés 👍

Le musée retrace l’interressant parcours et les influences de l’artiste destiné à l’origine à être torero comme papa…Comme quoi!

J’ai toujours aimé le côté atypique de Botero hors des mouvements artistiques du moment et je me régale d’une telle concentration d’œuvres majeures (dons de l’artiste à son pays ) dont l’incroyable « immortalisation de la mort » d’un Escobar bouffi criblé de balles sur les toits de la communa 13. 

Communa 13 et le mythe Escobar, le récit colombien des années 2000

Meddellin c’est aussi l’histoire de la communa 13, accroché à l’ouest de la ville, le quartier jusque la fin des années 90, est l’un des plus violent de Colombie, miné par les cartels, le clan du tristement célèbre Pablo  Escobar et les FARC(s) infiltrés. En 2002 il fut le siège d’un nettoyage terrible orchestré par l’armée, la police, les paramilitaires, et les milices d’auto-défense. 

Maintenant le quartier s’est apaisé et grâce à l’investissement des habitants revenus y vivre, d’associations d’artistes, des jeunes et des engagements de la ville avec notamment la mise en place du télécabine reliant les quartiers, et de nombreux escalateurs pour désenclaver les hauteurs, la communa 13 est devenu une curiosité touristique (voir une caricature)  où l’on se balade dans des ruelles bondées de stands de souvenirs, de bars et restaurants improvisés, de points de vue pour l’inoubliable photo, de compagnies de danseurs hip-hop qui font le show, ou autres chanteurs qui vous personnalisent un rap version locale… une cour des miracles où accompagné par de jeunes guides du quartier pour peu qu’ils soient bons vous expliqueront:

  • L’histoire de la terrible opération Oriõn d’octobre 2002 où les para et la police décimèrent une fois pour toute les cartels et les infiltrés faisant 1500 morts sans discernements. L’adoration d’Escobar érigé en héros du peuple de la communa 13, à toute fin commerciale T-shirt, casquettes, magnets etc.
  • La fierté des mouvements artistiques hip-hop dont le niveau est réellement époustouflant
  • les escalateurs qui ont aidé les vieux à mieux vivre l’empilement du quartier.
  • les peintures murales qui racontent toute l’histoire de la comuna 13
  • Le canabis dit thérapeutique dont on vente les vertus à chaque coin de rue, couvrant un trafic pas vraiment caché qui n’a pas vraiment disparu

Bref comment la communa 13 a oublié les heures sombres de son histoire sans malheureusement rompre totalement avec celles-ci.

1 Commentaire

  1. ERIC BREVART

    Bien sympa !!

    Réponse

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