Uyuni far west de la Bolivie
Nous continuons notre route vers l’ouest bolivien pour rejoindre la ville perdue d’Uyuni. De larges routes défoncées et boueuses quadrillent une ville fantôme balayée par les vents chargés des poussières du désert environnant. De la gare routière nous débarquons dans un petit hôtel sans âme mais propret sous un orage grondant. L’ambiance est glauque d’une ville abandonnée du bout du monde, un jour ordinaire de funérailles… Le lendemain matin comme prévu Juan notre chauffeur et guide nous attend et nous chargeons le 4X4 pour 4 jours d’aventure.
Juan est très sympa, souriant et joyeux et nous réservera que de belles surprises.
Nous ne nous éternisons pas dans la ville et filons vers la première destination du périple, le cimetière des trains d’Uyuni. Je m’attendais à un vague terrain où l’on aurait laisser une vielle locomotive et quelques wagons pour toute attraction touristique, et bien je ne fus pas déçu: au milieu de nulle part, deux voies de chemin de fer ensablées sur lesquelles rouillent à tout vents des dizaines de locos vapeurs d’un temps post apocalyptique . Mieux qu’un décor de film, c’est un film qui s’offre à nous, « il était cette fois dans l’Ouest ! ». Laurence et les garçons grimpent et jouent dans les monstres de fer et sont éffarés de la taille des machines, quand à moi je replonge dans pleins d’imaginaires, surtout dans l’histoire de l’arrière grand père Brévart, cheminot mécanicien sur ce genre de monstre dans les années 1920.
Ici l’histoire est autre, jusque dans les années 50 en Bolivie, la vapeur était reine et le minerai roi, mais il se fit rare et le charbon trop cher à transporter jusque là, alors on abandonna du jour au lendemain les locomotives aux vents brûlants du Salar …
Entre surréalisme et science fiction
Nous traçons la piste vers le Sud Lipez, vers la frontière avec le Chili et l’Argentine, un périple de 1000 km dans les paysages les plus époustouflants que nous n’ayons jamais vu. Déserts surréalistes dignes des déserts peints par Salvador Dali, (c’est d’ailleurs à se demander s’il ne les a pas copiés !), canyons vertigineux, concrétions abstraites millénaires érodées par les vents, volcans actifs, geysers fulminants au plus haut point de notre tour du monde à 4950m ! , lagunes bleues, rouges, roses, jaunes sur fond de sommets enneigés, laguna verde, lac d’arsenic au pied du volcan Licancabur culminant à 5960m, une leçon de géologie grandiose tout au long de ce parcours qui les deux premiers jours nous emmène vers la jonction avec le désert d’Atacama chilien. Nous rencontrons aussi la faune de l’altiplano, hardes de vigognes, les drôles de viscaches (sorte de lapin chinchilla), et les magnifiques flamands de James…. Chaque arrêt nous en met plein les yeux.
Après trois jours intenses entre 4000 et 4950m nous entamons notre descente vers le nord et le grand Salar d’Uyuni, en chemin une petite halte et un délicieux bain dans les eaux chaudes des thermes de Polques, nous réconcilient avec la vie ! Sous les 4000m un peu de végétation réapparaît avec les premières cultures de quinoa et de gigantesques cactus candélabres. Nous passons notre dernière nuit au bord du Salar (3700m d’altitude quand même!) dans un hôtel de sel, murs, lits, tables, bancs tout est fait en briques de sel, sauf la salle de bain évidemment!
Salar d’Uyuni, l’expérience d’un miroir céleste!
Nous décollons tôt après une bonne nuit pour la grande traversée du Salar, il a beaucoup plu ces derniers jours et Juan est un peu inquiet des conditions sur le Salar… nous verrons bien.
Effectivement la piste, qui sur quelques kilomètres surplombe l’immensité salée, est détrempée. Autour c’est le Salar où tout est gris et se confond … la bande noire de la piste disparaît au lointain dans l’infini du gris, Juan décide de la quitter et de pénétrer sur le Salar.
Une couche de 10 cm d’eau le recouvre et c’est à pas plus de 10 ou 15 km/h que nous nous enfonçons dans le néant.
Le temps est calme et le ciel gris se reflète sur un miroir parfait. Mais le gris ne reflétant que du gris on a une drôle d’impression indéfinissable, il n’y a plus aucun repère, ni horizon juste un voile gris infini.
Au bout d’une heure Juan nous propose une première sortie sur le miroir… « en tong brésiliennes, tel Jésus de Bolivie, nous marchons sur l’eau ! »
Nos corps se détachent dans cette dimension monochrome et deviennent les seuls repères d’échelle dans l’immensité du désert de sel. Les garçons jouent à se déjouer de l’espace où un simple saut donne l’illusion d’une apesanteur.
Nous reprenons la route, mais de route il n’y a pas, c’est plutôt une sorte de navigation que nous reprenons.
Un ciel sublime de nuages, allant du gris foncé au blanc immaculé sur un dégradé de bleu, fait place à la grisaille qui perdurait depuis le matin; voilà 3-4 heures que nous naviguons et le Salar s’offre enfin à nous comme jamais ou très rarement il ne s’offre. Juan nous explique que les conditions du Salar totalement miroir, avec un tel ciel, sont extrêmement rares (d’ailleurs il n’arrête pas de prendre des photos) car il faut qu’il ait suffisamment plu pour couvrir le sel d’une bonne couche d’eau, qu’il n’y ai aucun vent pour ne pas en iriser la surface et là seulement là l’effet miroir total apparait. Si le ciel est en plus comme ce jour là magnifique de nuages et de bleu, le résultat en devient, époustouflant, extraordinaire, envoûtant en fait aucun mot ne suffit à décrire le phénomène et la sensation qu’il engendre.
Vers 13h Juan s’arrête à nouveau, nous sortons et tels Neil Amstrong, en appesanteur sur le Salar, nous faisons « de petits pas pour les Brévart mais un grand pas pour notre aventure ! »
Ultime surprise, nous retournant vers la voiture Juan a sorti d’on ne sait où une table et des chaises et s’affaire à nous préparer le pique-nique le plus improbable de notre vie !
Au milieu de nulle part, cernés par l’infini, nous voilà installés, flottants en ciel et ciel, à une table nappée de carreaux vichy, et dressée d’assiettes en faïence et couverts en métal (c’eut été le comble qu’ils soient en argent!), et quel pique-nique les pieds dans la saumure, salades composées, poulet rôti pommes de terre encore chaud, ananas frais …
L’après-midi toute aussi sublime nous mène aux abords d’Uyuni et toujours sur le Salar nous assistons à l’un des couchers de soleil les plus inoubliables de notre périple.
Nous aurons mis une douzaine d’heures (180 km) pour traverser le plus grand désert de sel du monde (10500 km2). le Salar d’Uyuni.
Une expérience complètement incroyable et perturbante, une sensation d’infini absolu dans les cieux reflétés de tableaux de la renaissance italienne …
La Paz
Un rapide passage à La Paz, ville tentaculaire et surpeuplée située au fond d’un canyon à 3670 m d’altitude. Le centre historique n’a conservé que quelques rues et monuments de l’époque coloniale, nous trouvons quelques boutiques traditionnelles de « sorcières » où l’on vend fœtus de lama, amulettes en tout genre, potions et plantes aux pouvoirs divers. Le reste de la ville n’est qu’une anarchie architecturale, étouffée par une circulation impossible, sans métro car trop sismique, la ville s’est dotée d’un système de téléphériques urbains moderne et très pratique. Entre pollution et manque d’oxygène dû à l’altitude, nous serons bien contents de quitter la ville pour rejoindre le lac Titicaca à 100km de là.
Titicaca: souvenir de nos rires d’enfant
Au plus loin que je me souvienne de l’école de ma tendre enfance, reviennent toujours les cours de géographie, ceux où l’on apprenait les noms de destinations lointaines qui déjà me faisaient rêver, Oulan Bator, Lac Baikal , la Mer morte, les chutes du Niagara, les sources du Nil etc. Mais il y en avait une qui immanquablement faisait rire toute la classe et jusque dans la cour de récréation c’était le Lac Titicaca !
« Tous au Titicaca! »
Et finalement 55 ans plus loin, nous y sommes arrivés au Lac Titicaca et très précisément sur l’île du soleil où je ne pu retenir un petit rire tendre, celui de mon enfance … au Titicaca!
Je souris bêtement et béatement devant la beauté du Salar miroir.
Merci pour le récit et le partage !
Magnifiques photos 🤩
Pourquoi tu t’enquiquines à dessiner quand tu fais de si belles photos?!? Celles du désert de sel sont juste époustouflantes…
Waouhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh ce désert !
Mais quel désert… encore waouhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh
Magnifique… ce genre de paysage où je pleurerai certainement devant tant de beauté.
Elle est belle notre planète
Tous ces récits et photos laissent sans voix
Waouhhhhhhh
Merciiii de nous faire rêver c’est vraiment trop……bises à tous les quatre