Ambiance Agatha Christie dans le plus haut train du monde
Au départ de Puno (Pérou) en bordure du Lac Titicaca, s’ébranle le Titicaca Train « le plus haut train du monde » entre 3800 et 4319 m, dommage, il y a bien longtemps qu’il n’est plus à vapeur, mais une locomotive diesel des années 70 entraîne dans son sillage 5 wagons pullman des années 30 parfaitements restaurés. Dans le Titicaca Train, nous avons la table 5 du wagon n°2…
Le maitre d’hôtel nous accueille et nous installe à quatre fauteuils confortables autour de la table nappée de blanc, un petit bouquet de fleurs fraîches en son centre, une lampe de table art déco côté fenêtre diffuse une légère lumière, les boiseries sont lustrées et les cuivres étincelants, une moquette épaisse étouffe les pas, seuls le « tchac atchac » des rails et le léger balancement des wagons rythment notre départ, le décor est planté et laisse augurer une agréable journée de voyage pour rejoindre Cusco.
Le mythique train traverse la ville par une voie unique au milieu de la rue, forçant les marchands à vite retirer leurs étales, des passants nous font des petits signes amicaux ou filment cette scène insolite hors du temps alors que d’autres n’ont pas l’air d’apprécier tant que cela notre passage. Les premiers kilomètres sont lents, et tranquillement le Titicaca Train serpente sur les hauteurs de l’altiplano entre les champs de quinoa et les troupeaux d’alpagas.
Dans ce magnifique train chargé d’histoires, Agatha Christie aurait bien eu sa place avec nous et d’ailleurs Tomé trouve que notre voisin de la table 7 à l’air louche et nous cache certainement quelque chose qu’il va lui falloir découvrir. Tel un Hercule Poirot en herbe le voilà à imaginer mille scénari sur la vie de notre voisin: sûr c’est un trafiquant de cocaïne cousin d’Escobar qui rejoint la Colombie, non, un Arsène Lupin chargé d’or Inca qui fuit la police se faisant passer pour un riche étranger en vacance, ou bien est ce un inspecteur du guide Michelin qui incognito va noter le déjeuner gastronomique qui nous est servi…
Nous passons une merveilleuse journée plongés dans l’ambiance Pullman des années 30 entre notre table, un service impeccable, et le salon panoramique où un Pisco sour (the cocktail local!) à la main un orchestre nous berce de titres internationaux à la mode péruvienne tout en admirant de sublimes paysages andins.
Cusco, capitale Inca
L’empire Inca eut une ascension fulgurante à partir du roi Pachacútec et en moins d’un siècle atteindra son apogée vers la fin du XVème où dès lors il s’étendait du nord au sud sur 4500 km entre la Colombie actuelle et le Chili. En 1532 le conquistador Francisco Pizaro revient pour la deuxième fois à la tête de 180 hommes décidés et armés jusqu’aux dents, en une année ils desciment sauvagement l’armée Inca profitant de luttes internes de succession, de trahisons, de ralliements et de la peur qu’ils engendraient avec leurs armures, mousquets et chevaux de combat (les Inca ne connaissait pas les chevaux) au final en moins de 20 ans une poignée d’hommes aura réduit à néant un empire aussi prestigieux que celui des Incas. De Cusco qui en était la capitale ils pillent tout l’or qui en couvrait les murs, rasent les temples et érigent églises et cathédrales effaçant et éradiquant toute culture Inca qui subsisterait. 500 ans après il reste une ville coloniale resplendissante, reconstruite sur les soubassements et le plan originel des Incas. Cette empilement des deux cultures donne un côté très intéressant à la ville qui reconnue patrimoine mondial, attire nombre de touristes et a fait émerger une nouvelle identité Inca parmi la population.
Machu Picchu, une merveille et un business bien rodé !
Après avoir fait le trek du camp de base de l’Annapurna, Laurence rêvait du trek des Incas pour rejoindre le Machu Picchu. N’étant pas dans la plus grande forme pour l’accompagner, et les enfants préférant « chiller » dans le très confortable HomeExchange d’Urubamba, c’est seule qu’elle est partie pour 4 jours d’une marche inoubliable par les chemins sacrés des Incas qui mènent à l’extraordinaire cité du Machu Picchu. Nichée à 2430m,
Au XVIème siècle abandonnée par les derniers rois Incas partis se réfugier dans la forêt tropicale, la cité avait échappée à la conquête et aux destructions espagnoles (perdue dans la montagne, quasi inaccessible,elle n’avait plus d’intérêt stratégique ni politique) elle fut redécouverte en 1911 par l’archéologue américain Hiram Bingham, la nature y avait repris ses droits mais la cité était intacte, dans les années soixante elle fut nettoyée et partiellement restaurée (engendrant des polémiques entre archéologues, (fallait-il ou ne fallait-il pas ?) avant d’être classée à l’Unesco parmi les 7 merveilles du monde. Depuis le site est préservé et ouvert au public. Un énorme business bien rodé s’est mis en place depuis Cusco et Aguas Calientes pour contrôler son accès et surtout faire beaucoup, beaucoup d’argent ( il faut impérativement passer par une agence et compter entre 120 et 350 $ voir plus pour monter et visiter le Machu Picchu)
Cela en vaut il le prix ? Par le trek des Incas, certainement car c’est lié à l’expérience de la marche et au contact avec la nature, l’arrivée par le chemin des Incas côté sud est sublime et donne toute la dimension spirituelle du site. Laurence s’en souviendra à jamais.
Avec les garçons nous y sommes allé via une agence où l’on vient vous chercher à votre logement, on vous met dans le train 30km plus loin, arrivés à Aguas Calientes (on dirait une station de ski des années 70, gavée de restaurants et boutiques de souvenirs) on vous remet dans un bus qui monte à l’entrée du site 400m plus haut. Là suivant le choix que vous avez fait et payé, il y a 4 options de chemins plus ou moins complets (on ne peut pas s’y promener librement) avec ou non possibilité de monter sur l’une des montagnes qui entourent le Machu Picchu
Si vous avez l’option avec guide, dans votre langue, il vous débitera en 1h30, l’unique et véridique histoire des Incas et du Machu Picchu photos à l’appui! (ce que vous auriez aussi bien pu lire et voir sur le net avec Wikipedia ou autre, mais ça n’a pas le même charme)
Mais reconnaissons le, c’est beau, très beau, voir magnifique si l’on a la chance comme nous de tomber sur une journée pas trop pourrie avec des coins de ciel bleu (nous y étions à la saison des pluies) et surtout pas trop de monde, il suffit de croiser un groupe d’une vingtaine de vieux anglo-saxons pour imaginer comme cela doit être pénible voir insupportable en haute saison quand ils y en a des centaines.
En conclusion malgré une dépense conséquente c’est sans aucun regret que nous avons découvert le Machu Picchu qui ne galvaude pas son titre de merveille du monde!
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