Carmenere où Malbec ? Chili ou Argentine ?

par | 18 Fév 2024 | Au jour le jour | 5 commentaires

Nous retrouvons le goût du vin après 4 mois de régime sec. Notre dernière bouteille était georgienne début septembre et hormi un verre d’un très bon Sirah à Sydney, thés et bières locales étaient notre quotidien. Alors comment vous dire avec quel bonheur nous avons vu arriver sur notre table à Valparaiso la dive bouteille que nous avions commandée, quelle extase avons nous eu d’entendre le délicat glouglou du nectar aux reflets rubi s’écouler dans nos verres, et quelle explosion de plaisirs à la première gorgée de vin !

Loin de moi l’idée d’une apologie de la boisson, mais comprenez 4 mois c’est long sans le goût du divin breuvage flattant les papilles.

Donc après avoir retrouvé en Amérique du Sud la culture du saint breuvage, se posait la question primordiale: Caménère ou Malbec?  Cruelle question qui revient à se demander si l’on préfère le Chili ou l’Argentine et là comment ne pas vexer les uns ou les autres…

Le Caménère tout en finesse, légèrement fruité mais avec un tempérament latino va très bien à Valparaiso autour de bons empanadas alors que le Malbec, puissant, confit, sonore en bouche correspond bien au tempérament fougeux des argentins et accompagne parfaitement une délicieuse viande argentine au BBQ.

Alors à l’heure où nous quittons ces deux grands pays viticoles et que nous arrivons au Brésil où la cachaça est reine, nous n’avons toujours pas pu nous décider entre les deux cépages et c’est sur un magnifique Trousseau de Patagonie que nous terminerons cette parenthèse œnologique.

Le passage des Andes

À l’évocation de la cordillère des Andes, raisonnent en nous des sonorités de flûtes de pan et le cri du condor planant au dessus du mythique Acuncagua.

La frontière entre le Chili et l’Argentine s’étend sur 5308 kms de Cordilière de l’extrème Sud au Nord de l’Argentine et peu de points de passage relient les deux pays andins. 

Pour rejoindre Mendoza à partir de Valparaiso un bus traverse la cordillère d’Ouest en Est, par la passe de Puente del Inca point frontière entre les deux pays  à 3200m  d’altitude.

En partant du Chili, la large route monte régulièrement, directement dans la cordillère qui parait surgir de la plaine côtière. La montagne est immense et imposante et sans même un virage, nous prenons de l’altitude. Quelques lacets terminent l’ascension vers Puente del Inca et nous voilà à 3200 m, point de départ des grands treks pour l’ascension du plus haut sommet des Andes: l’Acuncagua 6960m que l’on aperçoit au fond d’une haute vallée rocheuse.

C’est aussi le point frontière avec l’Argentine 

Autrefois un train reliait les deux pays, il fut abandonnée dans les années 50 et depuis ne reste que les vestiges de la voie ferrée et de la ligne du télégraphe qui participent à un décor de western digne des plus grandes productions holiwodiennes.

La cordilière longue de 7100 kms s’est formée par subduction de deux plaques qui se chevauchent, elle est à ces latitudes aride et déserte, le surgissement de ses sommets à plus de 5000m et les couleurs irisées des mégas strates rocheuses riches en pierres semi précieuses la rendent vraiment impressionnante et à la hauteur de nos rêves de montagnes.

Cartes postales de voyage

On ne découvre et on ne comprend pas un pays comme l’Argentine en ne restant que deux semaines à Mendoza et Buenos Aires. C’est frustrant, mais il en va de même partout où l’on passe lors d’un voyage au long cours tel que le notre. 

Pays immense à l’histoire riche et tourmentée dont nous ne ferons qu’effleurer les secrets.

Mendoza Santos Nahuel le poète de rue

Accrochés à une corde à linge dans le parc central de Mendoza, les poèmes de Santos Nahuel attendent le lecteur. Le poète au visage doux est réservé, il s’approche de nous pour nous lire quelques de ses vers sur l’amitié, la vie, l’amour, les rêves…

La voix est douce et les rimes sonnent dans un espagnol que nous ne comprenons pas mais dont nous ressentons la sincérité des mots du vieil homme.

Ses poèmes sont à vendre, pas même un demi euro le feuillet, dérisoire, mais qu’importe, ils ne le nourriront pas c’est sur, mais juste espère t il qu’ils s’échappent de la corde qui les retient…

Tango à San Telmo

Le tango de rue n’existe plus vraiment à Buenos Aires, mais à San Telmo dans le quartier ancien  où vivent encore de nombreux porteños, chaque fin de journée se produisent quelques couples de danseurs professionnels qui font le show pour les touristes venus spécialement et les habitués du quartier. Il ne s’agit pas d’un attrape touristes, non, mais bel et bien de tango où les danseurs fiers et magnifiques sur les sonorités de Piazola, de passes en passes nous révèlent l’âme d’un Buenos Aires éternel …

Mercado de las pulgas

J’aime chiner là où je passe quand l’occasion se présente. Des amis argentins nous avaient venté l’endroit comme encore vrai, et ce matin là avec Tomé et Yann nous avons donc pris le bus 161 pour nous rendre au Mercado de las Pulgas.

Un vrai marché aux brocanteurs comme à St Ouen, uniquement fréquenté par les porteños, où nous passons quelques heures à chercher on ne sait pas vraiment quoi, mais on cherche, on farfouille, on découvre des objets inconnus et d’autres plus habituels, un vrai plaisir où Tomé se régale et déniche des comics Marvel des années 70 en espagnol, et moi un petit globe argentin en tôle d’avant 89. Quelques souvenirs de plus qu’il faudra envoyer en France quand nous serons au Brésil et une matinée avec Tomé à partager un plaisir commun.


A Laurence de contribuer à ce blog et à vous partager quelques impressions…

L’art de « Chiller »

J’aime chiller. Chiller, c’est se relaxer, me détendre, me reposer, prendre du bon temps, ne rien faire, alors dès que l’occasion se présente, je profite pleinement des ambiances et des maisons de celles et ceux qui nous ouvrent leur porte. L’art de ne rien faire ne s’improvise pas, cela s’apprend, cela se cultive, surtout pendant un voyage comme celui-ci où nous sommes un peu en dehors du monde, des sollicitations, de nos  habitudes et où le besoin de se reposer s’impose. Chiller est un immense plaisir dans ces maisons qui nous sont prêtées.

Home exchange; une communauté faite pour nous

Comme avec Ariel Rotter réalisateur argentin qui nous prête sa maison à Buenos Aires, 

Chez lui, tout est à savourer, à explorer dans l’immobilité:

Les lumières

Les vieux carrelages

Les petites intentions

Les univers intimes

Les couleurs

Les conseils de bons petits commerces du quartier

Originale et agréable, la maison est organisée le long d’un couloir ouvert, un jardin intérieur, distribuant sur les chambres et donnant sur le salon, la terrasse et un jardin de ville. Alors que les deux chats de la maison dorment encore, chaque matin un colibris vient butiner les fleurs d’hibiscus…sa présence furtive et son vol stationnaire me fascinent, et je l’observe à l’ombre d’un bel érable où je me suis installée pour mes instants yoga quotidiens. 

Je pourrais aussi vous parler de ces moments de pur bonheur, chez René avec ses vues volées de la ville de Valparaiso (dans le B&B familial La Nona qui sonne comme un HomeExchange), de chez Ricardo qui nous prète une semaine sa superbe maison sur la petite île de Caieira sur la Costa Verde près de Rio où une tortue de mer vient nous rendre visite tous les jours, ou encore au vanuatu des feux de camps le soir sur la plage devant la maison d’Adam le Néo-Zélandais. 

Je savoure aussi les moments magiques que nous réservent celles et ceux chez qui nous passons. Carlos et Betty à Mendoza décalent leur départ en vacances pour nous attendre, alors que notre bus à plus de 6h de retard, ils veulent nous montrer leur maison, leurs tortues et dîner avec nous. Ou la mère d’Ariel, qui est de la génération de ma mère née en 1938, et qui comme le fait Carmen pour le chalet, se charge de récupérer les clefs et en profite pour pratiquer quelques mots d’une langue apprise il y a bien longtemps…. Ces moments passés avec eux, à échanger, à rigoler, à parler de nos vies respectives, de nos pays, n’ont pas de prix, tout comme ces petits mots laissés sur une table, ces fruits dans une corbeille, la bouteille de vin ou cette bière locale dans le frigo… 

C’est toutes ces petites intentions, ces lumières dans les yeux qui font notre voyage.

Les petites aventures du quotidien

– Est-ce que tu connais ici? 

– Non pas vraiment. 

– C’est le bon moment pour aller au lever de lune sur la rivière, me conseille chaleureusement la jeune femme de l’épicerie bio du quartier conseillée par Ariel.

Elle vérifie les horaires de lune et me propose:

– Va à la rivière  à 20h30 demain ou à 21h après-demain. 

J’adore profiter de moments inestimables comme celui-ci, et le lendemain, nous partons avec Isa rejoindre à pied le quartier de Vincente López pour un lever de lune sur le Rio de la Plata. 

Spectacle gratuit et éternel d’un levé de lune, que l’on ne trouve dans aucun guide et qu’avec Isa je partage à la fraîcheur du soir autour de nombreux portinõs venus aussi assister au « Salida de la luna tan Linda ». 

 Pour terminer, je ne résiste pas au fait de vous partager cette expérience insolite que l’on vit au quotidien en Argentine. Celle d’une monnaie qui ne vaut rien. Avec Yann et Isa, nos amis bretons venus nous rejoindre quelques jours à Buenos Aires, il nous fallait quelque argent pour les petites dépenses quotidiennes, et nous voilà tous à la sortie du bureau Western Union, avec quelques 450 billets de 50 et 100 pesos, riches d’avoir retiré que l’équivalent de…4 billets de 20 euros! 

Un sujet récurent dans une Argentine en perpétuelle inflation galopante, où le nouveau président ultra-libéral et populiste Milei, voudrait passer le pays au $US  au risque de laisser une grande partie de la population sur le carreau.

Je vous laisse vous faire un avis et pour cela vous conseille deux articles du Point:

-Argentine: manuel de survie en temps de forte inflation- article du 18 octobre 2023

-Primaires de la présidentielle en Argentine, l’ultralibéraliste Milei en force – article du 14 aout 2023

En ce moment Tomé et Séraphin travaillent sur la presse, une occasion en or de se faire un avis sur un sujet comme celui ci.

5 Commentaires

  1. ERIC BRÉVART

    Trop beau ! Trop envie !!

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  2. Yann

    Un grand merci pour ces bons et Joyeux moments de retrouvailles à l’autre bout de l’atlantique
    Les bretons

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    • Laurence

      Cette semaine avec vous nous fin janvier à Buenos Aires nous a fait beaucoup de bien! Une étape pour reprendre le voyage de plus belle. Cap sur le Brésil puis la Bolivie et le Pérou.
      Que c’est bon de voyager.
      Nous vous souhaitons un bon retour en France après ces trois mois de Brésil-Argentine-Chili!
      Que c’est bon de voyager.
      A la prochaine en France cette fois ci.
      Bises

      Réponse
  3. Claudia und Bernd-Udo

    Je me trompe peut-être, mais il semble que Tome et Séraphin aient visiblement vieilli par rapport au début du voyage.
    Continuez à bien vieillir !

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  4. galan Olivier

    Magnifiques images et très belle écriture qui nous font voyager avec délice.

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