Un jour j’irai à Valparaiso

par | 5 Fév 2024 | Au jour le jour | 4 commentaires

J’ai longtemps cherché pourquoi Valparaiso raisonnait en moi comme la destination du bout du monde de mon bout du monde.

Alors quand on a commencé à tracer le parcours qui passait par le Chili, aux dates de l’anniversaire de Laurence, le rêve de Valparaiso est remonté de ma lointaine mémoire, certainement celle de mon enfance de la fin des années 60 et de la chanson de Marc Ogeret qui résonnait en moi comme un rêve de marin à atteindre. C’était l’époque de mes 8 ou 9 ans peut- être, celle où j’avais tracé sur l’Atlas d’école de mon père, le parcours d’un tour du monde qui passait par Valparaiso et que déjà je rêvais. Cet atlas je ne savais même plus qu’il existait encore, et un jour quelques temps avant sa mort, Papa a ressorti l’atlas de son enfance et de mon enfance, il l’avait gardé toute une vie pour à l’aube de mes 50 ans alors que l’allais être moi même père me le transmettre, comme pour un jour avec mes enfants faire ce tour du monde que j’avais très tôt dessiné et m’arrêter à Valparaiso…

Good bye farewell good bye farewell

Adieu misère adieu bateau

Hourrah oh Mexico oh oh oh

Et nous irons à Valparaiso

Haul away hé hou là tchalez

Où d’autres laisseront leur peau

Hale matelot et ho hisse et ho

(Extrait de la chanson des gabiers d’Artimon)

Le même rêve raisonnait en Laurence, alors il était évident que nous irions à Valparaiso

Cela faisait exactement 7 mois que nous voyagions et ce 16 janvier 2024 jour de l’anniversaire de Laurence, nous arrivions à Valaparaiso.

« Il vivait Valparaiso le cœur chargé d’un lourd secret
Le monde était un brasero dont Valparaiso le tirait

Tant de lumières et de couleurs et tant de beautés délabrées
Déplaçaient les poids que son cœur ne parvenait plus à lever
Sur les hauteurs de Valparaiso par une journée dégagée
Elle observait les grues charger le ventre affamé des bateaux
Elle regardait la vie passer ou répertoriait les couleurs
Jamais déçue jamais lassée le cœur chargé comme un tankeur


Oh comme c’est beau Valparaiso ses couleurs, ses délabrements
Ce dédale où s’égare le vent la femme qui chante au Cinzano
Un secret la ville le prend et le garde sous son manteau
Et celle ou celui qui l’apprend fait de même à Valparaiso »

(Extrait D’après Dominique A « Valparaiso »)

B&B La Nona, la bonne adresse de Valparaiso.

C’est une maison bleue adossée à l’une des 83 collines de la ville où nous logeons. Ceux qui vivent là, vivent de la blanchisserie familiale et des trois chambres proposées aux voyageurs. René  nous y accueille, et de suite nous tombons sous le charme et l’ambiance de « La Nona ». Autour du petit déjeuner qu’il nous prépare, Réné est affable et généreux de conseils, il aime sa ville et son quartier du Cerro Alegre et il nous faudrait 15 jours pour découvrir sa ville, celle qui l’a vue naître et au »il partage avec ses hôtes.

Le quartier de Cerro Alegre pourtant classé à l’Unesco a su garder son charme et son âme grâce aux habitants comme René qui sont très vigilants aux débordements du tourisme incontrôlé. Et il est très agréable de s’y promener, d’emprunter les célèbres ascenseurs avec les habitants et les promeneurs curieux, de rejoindre par les ruelles pavées le port où une flottille de petits bateaux colorés attendent les quelques touristes pour leur proposer la traditionnelle promenade dans la rade. Mais le port de Valparaiso n’est plus ce qu’il était, certes quelques bateaux de commerce y mouillent encore et quelques navires de guerre chiliens et un porte containers font la curiosité de la balade, mais on sent que Valparaiso n’est plus le Valparaiso qui fit rêver tant de marins et de cap-horniers…

Depuis que le canal de Panama a été inauguré en 1910, Valparaiso a commencé son long naufrage perdant tout d’abord les cap-horniers qui jamais plus ne feront le grand détour, en un siècle la ville a sombré de crises en crises mais son nom « Vallée du paradis » Val-Paraiso est resté porteur d’incroyables imaginaires pour tous les voyageurs et baroudeurs du monde.

En 2003 après un long processus de renaissance la ville est classée au patrimoine mondial de l’Unesco. En 2012 un Concour international de peintures murales  dans le quartier Cerro Palenco Graffest remporte un succès tel que toute la ville se pare de centaines de fresques et muraux.

Valparaiso renoue avec un peu de sa gloire passée et attire à nouveau de nombreux voyageurs, certes ces voyageurs là ne viennent plus en bateau et ne traînent plus leur destin sur les quais et dans les bars où résonnent le tango chilien, saouls et sans le sou à la recherche d’un nouvel embarquement qui jamais plus ne sera possible…

A regarder absolument sur YouTube « …à Valparaiso» de Joris Ivens 1963. https://www.youtube.com/watch?v=_qH5-d7SVX4

Documentaire magnifique où l’on se retrouve dans le Valparaiso des années 60 et qui permet de comprendre en partie le Valparaiso actuel.

Un Valparaiso noir et blanc maintenant fardé des mille couleurs du street art.

Valaparaiso a muté en bien, mais malheureusement lutte toujours contre une misère chronique (c’est la ville la plus pauvre du Chili) qui la ronge, et grâce à des gens comme René, Lucy, Ricardo et d’autres que nous avons rencontré, il règne toujours et tout à la fois à Valparaiso, une douceur de vivre, une ambiance latino unique et une certaine saudade quand du haut de la ville on scrute l’horizon et que plus aucun trois mâts ne gonfle ses voiles pour affronter le terrible Cap Horn… 

vous aurez compris on a adoré Valpara« i »so !

Fiers d’être chiliens 

La Quinta de los Nunes un dimanche après midi 

Dans un dédale de venelles et d’éscaliers, un quartier populaire où il faut monter et descendre entre d’incroyables maisons bricolées et colorées accrochées aux multiples collines.

On se perd, mais la Quinta de los Nunes est connue et une mama passe le pas de sa porte et nous montre le chemin. Les sonorités latino résonnent au fond de l’impasse où se trouve la Quinta, il faut s’acquitter d’une modique entrée et nous voilà plongés dans l’ambiance unique d’une guinguette en version chilienne où montent les sonorités du tango chilien, où l’on danse, où l’on boit sangria et vin chilien, où l’on mange et où l’on oublie la semaine qui vient de passer.

Le lieu est improbable, c’est la maison de la famille Nunes, courrée de terre battue sur plusieurs niveaux, des patios où sont placées tables, chaises, canapés dépareillés et objets insolites, d’une des fénêtres de la modeste maison on sert les boissons et les plats proposés, au fond une petite scène accueille les musiciens et devant la piste de danse s’improvise, des guirlandes de petits drapeaux chiliens forment avec les quelques arbres le couvert dans une ambiance chaleureuse et colorée, « so chilienne »!

Nous sommes invités à la table de deux « papys » du cru, qui n’ont d’yeux et d’oreilles que pour Lucy Briceño … et pour Laurence qui se voit même offrir le petit foulard Viva Chile !

Ce jour là Lucy Briceño l’égérie de la chanson traditionnelle de Valparaiso est venue chanter pour l’assemblée. Fardée et digne la vieille dame sur le retour a perdu de sa voix qui la rendit célèbre mais l’âme de Valparaiso qu’elle dégage est toujours là.

Seuls étrangers de l’assistance nous passons une fin de dimanche après midi extraordinaire pour un inoubliable anniversaire au cœur d’un Valparaiso que décidément nous adorons !

Pour les garçons, les peintures murales magnifiques, les ascenseurs de rue, la rencontre avec les lions de mers endormis sur de gros pneus dans le port, la balade en bateau juste en dessous d’un porte container géant, resteront sans aucun doute et parmi d’autres, les souvenirs impérissables de notre court passage à Valparaiso…

4 Commentaires

  1. ERIC BRÉVART

    Valparaiso !! Merci !

    Réponse
  2. Monique

    Ouah!! Ces couleurs !!!c’est magnifique toutes ces peintures !!
    Bonne anniversaire Laurence ,quel beau cadeau tu as reçu avec Valparaiso

    De ce paradis là
    Personne ne veut jamais en partir
    Personne
    Personne
    https://www.youtube.com/watch?v=nN0XZWv6jdQ Pauline Croze

    Réponse
    • Laurence

      Merci Momo pour cette autre découverte.
      J’adore les chansons.J’adore partager des chansons. Et Pauline Croze reprend avec beaucoup de pep’s les classiques sur le Brésil dans l’album Bossa Nova ( La Rua Madureira, Essa Moca Ta Diferente, la fille d’Ipanema…)
      Une voix parfaite pour faire découvrir ces classiques à Tomé et Séraphin qui aiment beaucoup ce pays.
      Bises à vous dans votre paradis.

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  3. Marrucho Antonio

    Merci de nous faire rêver

    Réponse

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