Bali, Symphonie chromatique en nuances de vert

par | 12 Jan 2024 | Au jour le jour | 1 commentaire

Symphonie chromatique en nuances de vert, Opus 12/2023 pour orchestre tropical, dite « La douanier Rousseau »

Plantons le décor: une île indonésienne, destination carte postale, qui en fait rêver plus d’un. Suffisamment loin des flux de touristes aux chemises colorées, un petit village typiquement balinais. Au bout de la petite route, le chemin qui mène à la maison, traverse les rizières en terrasse où s’activent les paysans. En lisière de forêt la cuisine salle à manger toute ouverte sans murs ni fenêtre s’offre à la nature et aux myriades d’insectes qui l’habitent. Quelques marches découvrent notre chambre protégée des incursions nocturnes par de larges baies vitrées, nous offrant le spectacle de la nuit dans le confort le plus total, sauf peut être les 30/32 ° pour 95% d’humidité!

Vue depuis l’intérieur de la maison de Chandima et Hélène qui nous accueillent grâce à Homeexchange.

L’escalier mène à un  salon de rêve tout en bois et haut de plafond sous le toit, lui aussi est entièrement ouvert et nous offre en 16/9ème sur 360° la somptueuse forêt tropicale aux essences exotiques. une chambre identique à celle du bas que les enfants occupent s’intègre à l’étage de cette architecture contemporaine empreinte de la tradition indonésienne.

La maison que l’on nous prète est celle de Chandima et Hélène, un couple franco Srilanquais négociants de Saphirs bruts (ça s’invente pas comme métier!). Cela fait partie des nombreux Homeexchange extraordinaires et improbables qui rythment notre tour du monde. 

Le décor est maintenant planté, il ne nous reste qu’à nous installer dans le hamac et les confortables banquettes du salon pour assister au spectacle.

A l’affiche ce jour: « La douanier Rousseau » 

Dans une forêt enchantée aux milles nuances de vert, où poussent pêle-mêle bambous, bananiers, cocotiers, palmiers, fer de lance, Fatsia Japonica, cacaoyers, caféiers, manguiers,  Jackfruit trees, durians, lianes à poivre, fougères arborescentes, bougainvilliers, vanilles, cicas géants, orchidées sauvages, broméliacées rougeoyantes … s’égosillent grenouilles barytons, carpeaux basses, cigales aux stridulements insupportables, oiseaux sopranos et altos, oiseaux sifflants, oiseaux hurlants, étranges lézards coassants, drôles d’insectes froufroutants, petits mammifères farfouillants, moustiques énervants, abeilles bourdonantes…tous orchestrés par un chef apparemment dépassé par l’indiscipline de tant d’instrumentistes facétieux et incapables de suivre d’une seule note la complexe partition de la jungle.

Mais allez savoir pourquoi, au bout d’un moment l’insupportable cacophonie devient audible et le spectacle prend alors une dimension magnifique où la nature règne en maître. 

… sauf qu’un tel régime symphonique, matin midi et soir ça « gonfle » un peu au bout d’un moment! et nous voilà à rêver d’un concert  « Sound of Silence ».

Bali, c’est fini,

Et dire que c’était l’île

De mon premier amour,

Bali, c’est fini,

Je ne crois pas

Que j’y retournerai un jour.

Bali, c’est fini,

Ces paroles adaptées d’Hervé Villard reflètent parfaitement le ressenti que nous avons eu de Bali et plus particulièrement du Bali, carte postale vendue de par le monde. Tout y est devenue une authenticité à la sauce occidentalo-chinoise où les villes et villages ne sont plus qu’un alignement sans fin d’échoppes de souvenirsn balinais, de bar et restaurants à touristes, de Resorts à tous les prix, et de folklore fardé de couleurs criardes. À tel point que les rizières en terrasses de Tegallalang celle qui ont fait rêver des millions de voyageurs romantiques ne sont plus que caricatures d’elles même où l’on vient faire son incontournable  selfie dans un cœur I love Bali où affublé d’une jupe de soie artificielle sur d’improbables balançoires en simulant un envol au dessus des rizières en contre-bas. Mais le pire est atteint quand on se rend compte que les terrasses sont plantées non plus de riz mais d’herbe grasse bien verte pour qu’au long de l’année les photos soient toujours l’idée que l’on se fait d’une rizière (pour touriste), à savoir vert pomme, sans tenir compte du cycle de la nature, des récoltes, des labours et de la plantation de la graminée qui nourrit le peuple Indonésien. 

Les temples Boudistes, ouverts eux aussi à la manne touristique, voient les nouveaux adeptes d’un jour faire leurs ablutions au milieu des fidèles, entre deux selfies et avant de certainement s’attabler devant une bonne bière (ou un thé aromatisé), racontant via whats’app aux amis restés au pays, leur grande pratique de la spiritualité balinaise…

Nous garderons de Bali l’image d’une jungle luxuriante (et sonore) et d’une campagne idyllique et paisible, parsemée d’innombrables temples, où l’on rencontre des balinaises et balinais souriants accaparés par les gestes ancestraux de la récolte du riz. Du Bali carte postale, il ne nous restera rien ou presque si ce n’est l’image de ces dizaines et dizaines d’échopes de sculptures de divinités (certaines magnifiques)  et autres boutiques de souvenirs locaux made in on ne sait où! (On y trouve des girafes, de flamands roses, des attrapes rêves indiens etc etc…) que l’on trouve  tout au long du chemin qui nous mène à l’aéroport direction Sydney. 

1 Commentaire

  1. Marrucho Antonio

    Que dire ? Sublime
    Merci Merci Merci Merci, un pour chacun de vous
    Bonne continuation de voyage, de découvertes et de partages

    Réponse

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