Même si nous sommes en voyage durant toute cette année scolaire, les enfants vont suivre le programme de 4ème pour pouvoir rentrer en troisième à leur retour. On a dû faire une déclaration d’instruction en famille auprès du DASEN en mars dernier et nous avons choisi de les inscrire au programme de scolarité  complémentaire internationale du CNED pour qu’ils puissent travailler en autonomie. Le 4 septembre 2023, c’était la rentrée, alors nous avons mis toutes les chances de notre coté: environnement calme, rituel quotidien, repos et bonne humeur au programme de cette rentrée Sakara Street à Tbilissi!

En ce début septembre, on habite pendant 15 jours en Géorgie; pas l‘Etat des États-Unis mais un petit pays situé au Sud de la Russie. Ancienne république soviétique de l’ex URSS. Ils parlent beaucoup des Russes les géorgiens, et ils ont pas l’air très contents quand ils en parlent ! 20 % de leur territoire est toujours occupé par les Russes depuis 2008 : l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. D’ailleurs dans les conseils aux voyageurs, le site France diplomatie précise  que les déplacements sont formellement déconseillés dans les deux régions séparatistes géorgiennes. Sur les murs un peu partout, sont peints associés, les drapeaux Ukrainien et Géorgien et le drapeau de UE lui, flotte sur de nombreux bâtiments.

Le sentiment anti russe est très présents au travers des graffitis et slogans mais aussi dans les discussions avec nos amis Giorgi et Ilia. Quand la guerre en Ukraine a éclatée, ce fut un véritable tremblement de terre réactivant les souvenirs de 2008 et parce que les géorgiens savaient que si les ukrainiens perdent leur territoire, les prochains sur la liste risqueraient d’être de nouveau eux.  Au niveau gouvernemental, l’ambiguïté est de mesure, après l’envoi de soldats combattant en Ukraine, revirement, rejet des vétérans et accords commerciaux avec la Russie pour de sombres intérêts quasi mafieux (selon les dires de nos amis). Alors que les jeunes et une grande partie de la population préféreraient devenir européens plutôt que d’être éternellement sous la tutelle russe, ce sont les vieux et les ruraux qui sous l’influence du discours des élites politiques pro-russe se méfient de l’Europe et préfèrent le «c’était mieux avant ». Mais tous les politiques sont pas d’accord sur la question, un jour pro UE, le lendemain soignant leurs relation avec l’ogre russe dans cette région stratégique du Caucase. De notre expérience, le constat est qu’il y a énormément de grosses voitures immatriculées en Russie ici, qu’à Batoumi il n’y a quasi que des touristes russes et surtout ce qui est déplaisant c’est leur attitude méprisante et conquérante envers les géorgiens (du moins les simples gens) ne faisant pas même un petit effort pour se faire accepter autre qu’avec le pouvoir de leur argent. Alors les géorgiens, quand ils voient qu’on est étranger, ils vérifient instantanément si on est russe, et se faisant, nous accueillent d’un coup avec un sourire « Français, soyez les bienvenus ! » les français ayant plutôt la cote surtout en ces temps de coupe du monde de rugby dont ils sont fans. Il est vrai que les touristes européens sont assez rares, il viennent surtout d’Azerbaïdjan, d’Arménie, d’Israël, d’Iran, du Kazakhstan, de Turquie et de Russie en masse évidemment.

On vous raconte de quoi était faite la rentrée de Tomé et Séraphin: de connexion à l’espace inscrit du CNED, d’espaces de travail variés, d’un week-end le vendredi à visiter dans la région des vins ( voir article ), du GPexplorer sur twitch, de récré dans le hamac… 

Ils avaient commencé doucement, par quelques révisions à Istanbul, une heure par jour, pour reprendre l’habitude de rédiger, de se concentrer, d’aboutir un travail, de l’anglais et le récit de voyage au programme! Et puis le 1er septembre à Batumi, on était au taquet, près à commencer les cours en ligne.

Pendant les deux premières demies-journées, ils se sont familiarisés avec leur nouvel environnement de travail: un environnement numérique comme pendant le covid mais en mieux. Ils ont réfléchi au rythme à adopter chaque semaine (idéalement 4h30 de français par semaine, 3h30 de maths et 3h d’histoire-géo EMC). Moi j’ai regardé  le rythme des évaluations (environ une par mois soit 10 sur l’année dans chaque matière, dont certaines réalisées en ligne avec une correction automatique et d’autres sur copies à déposer sur une plateforme…on composera avec les déplacements et les accès plus ou moins efficaces à l’internet) et je leur ai proposé de s’organiser régulièrement pour rendre idéalement un devoir par mois dans chaque matière. L’un a dit sa peur de rater et son envie de réussir, l’autre a dit que les copains allaient lui manquer, tous les deux ont manifesté un vrai goût d’apprendre!

Et puis une bonne nouvelle, comme on part faire un trek au Nepal début octobre, les vacances de la Toussaint sont avancées de 15 jours!!! Pas question de passer à coté de notre voyage! 

Lundi 4 septembre, alors qu’ils imaginaient les copains découvrant leur classe et leurs profs, eux ce sont mis au boulot sur leur tablette, chacun de son coté, en commençant par leur matière préférée: l’histoire-géo pour Tomé et les maths pour Séraphin. Les puissances de 10, le commerce mondial au 18ème, la mondialisation… autant de sujets à aborder avec des cours en ligne et ils y aura évidemment tout ce qu’ils apprendront sur le chemin, par le voyage… 

Une séance de chaque matière par jour durant cette semaine de reprise, ca aura été une bonne semaine de cours. Le lieu s’y prêtait! Nous avions prévus d’être installé dans une petite maison à Tbilissi, la capitale de la Géorgie, bien au calme, sans trop d’opportunité de visites et avec une bonne connexion internet. Notre ami Giorgi étant reparti pour Los Angeles, nous n’avons pas pu découvrir la ville avec lui, alors nous avons levé le pied des visites. Nous nous reposons, Luc dessine beaucoup et les garçons adoptent un rythme studieux. 

Et puis cette semaine est aussi l’occasion de faire le point pour la prochaine étape du voyage: l’Asie! Inde, Népal, Thailande nous attendent et nous avançons dans la programmation de nos séjours! Les garçons nous ont concocté le programme des visites qu’ils veulent faire à Dubaï! Ça va être un vrai marathon, par 40°C…

On est super contents de notre rentrée! Sans doute aussi parce qu’on a échappé à la routine… et que l’on sais que le rythme sera tout autre cet année.

On a échappé aux listes de fournitures scolaires. On a tout trouvé sur Internet (les cours en ligne, une calculatrice Web:0, les oeuvres au programme de quatrième… ) On vous signale qu’avec TV5MONDE vous pouvez trouver plus de 600 références de littérature francophone à télécharger gratuitement! On a simplement acheté deux cahiers et le nécessaire de géométrie dans une librairie papeterie à Batumi ! 

On a aussi échappé au traditionnels préparatifs: remplir des formulaires administratifs, supporter les informations de rentrée à la radio, aller chez le coiffeur, s’acheter une nouvelle tenue parce qu’on grandit toujours énormément pendant l’été (d’ailleurs on vous informe que ça y est, on mesure plus d’1 mètre 71 c’est-à-dire la taille de notre mère ! )

On a échappé au bus scolaire, à la traditionnelle question qu’on nous pose 10 fois par jour « la rentrée s’est bien passée ?» 

Mais les copains, ils nous ont manqué, alors on a téléphoné à Naïm, échangé quelques messages sur Snap avec les potes, pensé à eux comme si on était avec eux (avec deux heures de décalage horaire) et discuter des profs comme si on y était …Avec le CNED, on a l’impression d’avoir des robots comme profs…C’est cool parce qu’on commence à l’heure qu’on veut, on fait beaucoup d’exercices en ligne, et puis on choisit dans quel ordre on fait les cours. Cette semaine, on a bien bossé, six jours sur sept! Ca va pas durer. Mais l’année scolaire est longue alors on est confiant. On va faire le taf!

Comme vous l’aurez compris, cet article à été écrit à 4 voix, les 4B!