Aller jusqu’au Caucase : Ambiance automnale en haute montagne et toujours d’aussi belles églises orthodoxes…
Gamarjoba, bonjour, et Madloba, merci, sont le strict minimum que vous devez connaître en arrivant en Géorgie.
Malgré une météo peu favorable et des températures hivernales, nous prenons la route pour Kazbegi. La température au départ de Tbilissi est de 14°C. La neige est tombée sur les sommets de cette partie la plus élevée du Caucase, et la température annoncée est proche de zéro dans la petite ville où nous passerons la nuit prochaine : Kazbegi, actuellement appelée Stephanantsminda.
Nous prenons la route avec Ilia, rencontré à la plage à Batoumi, passionné de cinéma et de son pays. Il nous emmène découvrir le deuxième plus haut sommet du pays, le trésor national : le Mont Kazbeg. Nous savons que nous avons peu de chances de le voir à cause du mauvais temps, mais peu importe. Nous sommes très heureux de prendre la route avec lui, de découvrir le pays. C’est notre dernière occasion de quitter Tbilissi, alors nous fonçons. Nous allons peut-être voir l’un des plus hauts sommets de cette région du monde !
Le Caucase est cet ensemble de montagnes qui forme une barrière au sud de la Russie. Sa partie la plus méridionale, le Petit Caucase, est à cheval entre la Turquie, l’Arménie et la Géorgie, donc plutôt en Asie. Mais le Grand Caucase, plus au nord, est encore considéré comme faisant partie du continent européen. Son point culminant, le Mont Elbrouz, situé en Russie, atteint les 5 642 mètres d’altitude. C’est plus de 800 mètres de plus que le Mont Blanc. Il est sans conteste le plus haut sommet d’Europe. Son massif compte d’ailleurs plus d’une douzaine de sommets qui dépassent l’altitude du Mont Blanc. Le Mont Kazbeg que nous rejoignons culmine à 5047 mètres ! Ce sera donc le plus haut sommet jamais vu par Tomé et Séraphin.


Nous prenons la route pour environ 3 heures et 30 minutes avec quelques sympathiques arrêts. Il s’agit de la route nommée Military Highway, construite par les militaires russes, et c’est la seule voie de communication permettant le passage entre les deux pays.
Ilia nous parle de la vigne et de Nino, deux éléments incontournables de la culture du pays. Il connaît une multitude d’anecdotes et de légendes sur l’importance de la vigne dans la vie des gens. Nous avions déjà compris que chaque Géorgien produit son vin et son cha-cha (le marc traditionnel) et que la vigne est aussi la base de délicieuses friandises peu sucrées, fiertés locales, appelées les tchourtchkhelas. Il nous parle également d’autres façons dont le raisin est ancré dans leur culture et leur histoire. Il évoque comment les mahométans des régions de perse venus envahir le pays contre la chrétienneté, avaient tenté de détruire aussi les vignes, convaincus que c’était le seul moyen de vaincre les Géorgiens (c’est bien connu un géorgien sans ses vignes perd tous ses moyens !) Il partage l’histoire des soldats qui, avant de partir au front, plaçaient une grappe et une feuille de raisin dans leur poche sur le cœur, espérant ainsi qu’un pied de vigne renaisse de leurs cendres. C’est vraiment un amour profond pour la vigne.
Si vous venez en Géorgie, vous vous rendrez compte que beaucoup de femmes portent le prénom de Nino. Nino la chrétienne voulu convertir le roi, celui ci dont la reine était malade et hystérique lui proposa un marché: si tu sauves ma reine je me convertirai. Qu’à cela ne tienne, Nino sauva la reine et le roi se converti, christianisant ainsi le pays. Depuis Sainte Nino est vénérée comme la protectrice de la Géorgie. Elle a construit sa croix en sarments de vigne, noués par ses cheveux. Cette croix, connue sous le nom de Croix de la Grappe ou Croix de sainte Nino, est devenue le symbole de l’Église orthodoxe apostolique de Géorgie. Selon la tradition, sainte Nino l’a apportée en Géorgie lors de la conversion du royaume au IVe siècle. Toujours ce rapport à la vigne omniprésent.



Il y a de nombreux points d’intérêts sur la route menant de Tbilissi à Kazbegi. Si vous voyagez en famille, n’hésitez pas à profiter de ces découvertes culturelles. Nous avons particulièrement apprécié:
- Le monastère forteresse d’Ananouri, qui surplombe le lac du barrage de Zhinvali , Après une visite rapide des deux églises et quelques explications d’Ilia, nous avons grimpé voir presque escaladé avec Luc dans la tour défensive surplombante pour « prendre la plus belle photo du lieu »the point de vue photo_ ».
- Black and White river, de la légende de deux sœurs amoureuses du même homme qui n’en maria qu’une, la vierge de dépit se suicida (donnant la rivière blanche), la sœur se sentant coupable se suicida aussi donnant la rivière noire, la fin de l’histoire est que le mari se retrouvant seul, lui aussi se suicida (elle est gaie comme histoire !) La rivière noire et blanche à leur confluent ne se mélangent pas et attirent nombre de curieux. C’est aussi un spot pour le rafting quand le niveau d’eau le permet , ce qui n’était pas le cas en cette saison.
- Le point de vue panoramique, juste après la station de ski de Gudauri, est idéal pour admirer les montagnes du Caucase et déguster un Khachapuri (pain fourré au fromage et parfois aux pommes de terre) vendu dans les cabanes aux abords. Nous avons eu la meilleure éclaircie de tout le séjour à cet endroit !



L’arche de l’amitié remonte à la période socialiste où l’amitié entre les peuples des républiques de l’URSS était érigée en monument. Nous ne sommes pas sur qu’il en serait de même actuellement.
- Plus loin sur la route près du col de Jvari à 2395 mètres d’altitude, nous observons un massif karstique orange, d’où coule une eau soufrée que l’on peu goûter, demandez aux garçons, ils ont adoré cette eau très particulière (beurk! C’est dégeu!), nous on a plutôt aimé ce petit goût acidulé.
- Plus loin, un chantier titanesque occupant le fond de la vallée, nous intrigue, il s’agit en fait de la construction d’un tunel qui traversera toute la montagne pour éviter le col de Jvari. Nous nous demandons qui peut être capable de réaliser une telle construction, et c’est bien sur la Chine, qui continue sont expansion à coût d’investissements colossaux pour construire « La Nouvelle Route de la Soie »
Ce tunel il faut le reconnaître sera bien utile, car la route actuelle est en piteux état avec son flux incessant de camions russes, d’Azerbaijan, d’Ouzbekistan, d’Arménie etc. Avec un tel trafic il y a de nombreux accidents de voiture d’autant qu’ils roulent comme des cinglés. Et bien sur ce fut le cas d’une BMW encastrée dans un camion bloquant la circulation en haut col.




L’approche à quelques mètres de la frontière russe a été l’événement insolite de la journée. Juste avant le poste frontière, on fait une halte au café tenu par les moines, un endroit magnifique près de l’église du monastère des archanges Michel et Gabriel de Dariali, un monastère chrétien fondé au XXIe siècle pour faire face à la Russie ! Au moment où nous sommes là, Le pope chef du lieu reçoit en offrande un tableau de l’église peint par une jeune femme accompagnée de sa famille, pour sur: »bénédiction assurée! »



- Nous finissons la journée par une heure de marche pour rejoindre les cascades de Gveleti, une marche bien méritée après ces longues heures en voiture.
Arrivés à Kazbegi, revisite d’église, cette fois celle de la Sainte-Trinité de Guergueti, datant du XIVe siècle, qui est un petit chef-d’œuvre adjacent à un monastère tout en haut d’une colline avec un sublime point vue sur le Mont Kazbeg qui attire nombre de touristes et orthodoxes. Malheureusement les nuages nous empêcherons de voir le fameux sommet, dont on sent malgré tout la présence imposante.


Nous redescendons à pied pour rejoindre Kazbegi, la petite ville dotée de nombreux équipements touristiques mais ayant gardé son charme traditionnel.



Au diner après plusieurs toasts avec Ilia, trinquant à notre rencontre, à nos familles, à nos pays, à nos cultures, au cinéma, tous les prétextes sont bons, nous levons finalement notre verre avec nos voisins de table lituaniens et trinquons en russe (seule langue commune) pour la paix en Ukraine. Quel paradoxe !
Cette soirée à ripailler, à enfin apprendre comment se mangent les khinkalis (avec les doigts et en aspirant le jus) à comprendre l’origine de cette fraternité qui respire ici… s’achève à la fraîcheur du Caucase.
Et puis il y a Ilia et son amour du cinéma. Il me raconte comment il a fait traduire Satantango de Bela Tar pour avoir une version géorgienne. Son réalisateur hongrois préféré, à découvrir si vous ne connaissez pas…
La température le soir à Kazbegi est 2°C. Au lever du jour un plafond bas de nuage est là. Nous ne pourrons pas admirer le Mont Kazbeg, peu importe les rencontres étaient là.



Au retour, nous nous arrêtons non loin de Tbilissi, à Mtskheta l’ancienne capitale, à la Cathédrale de Svetitskhoveli, dont l’intérieur a été notre coup de cœur parmi toutes les églises orthodoxes que nous avons visitées.
Nous terminons au monastère de Djvarien datant du VIe siècle, visible depuis la cathédrale, il se dresse au sommet d’une montagne rocheuse au confluent de la Koura et de l’Aragvi. Mtskheta, fut jadis la capitale du royaume d’Ibérie où Sainte Nino, l’évangéliste a converti le roi Mirian III d’Ibérie au christianisme, et fait ériger une grande croix de bois à cet endroit, à la place d’un temple païen. La croix aurait opéré des miracles, attirant de nombreux pèlerins de tout le Caucase. Nous sommes maintenant incollables sur les Orthodoxes de Géorgie !




Tbilissi deviendra la nouvelle capitale, son nom signifiant « endroit chaud » du fait des nombreuses sources chaudes.
I’m faut toujours
Boire du Bon vin
Dans la terre ou il
Est né
C’est vraiment chouette de découvrir à vos côtés des pays méconnus et c’est sympa de nous faire partager ces traditions et ces légendes qui marquent aussi les habitants d’une contrée…