Aventure en pleine nature – Les Rhodopes

par | 27 Août 2023 | Au jour le jour | 4 commentaires

Nous faisons une très belle découverte en Bulgarie: la montagne des Rhodopes!

Mario nous propose un itinéraire qui nous conduira dans le sud du pays jusqu’à la frontière grecque. Un long voyage en voiture, une fois n’est pas coutume, à travers le pays et jusqu’aux gorges de Trigrad dans le massif des Rhodopes.

Située au sud ouest du pays, c’est l’une des quatre grandes montagnes de Bulgarie et la plus étendue. Nous y accéderons en passant à proximité de Plovdiv et en cheminant le long du barrage Vatcha, puis passons à Devin, ville qui produit une excellente eau minérale distribuée dans tout le pays.

Les paysages qui mènent au village de Trigrad nous laissent rêveur. Trois nuits dans ce village de caractère, quatre jours à sillonner les canyons et les grottes qui forment ses paysages qui tranchent résolument avec ceux de Rila que nous avions vu à l’occasion d’une journée d’exclusion depuis Sofia.

Cette parenthèse hors du temps est une authentique immersion dans les mystères et la beauté de ce canyon majestueux aux grottes ténébreuses. Une étape du voyage qui nous remplie d’énergie et comble notre envie de pleine nature.

Le canyon est formé sur l’un des affluents de la rivière Vatcha, sur une longueur d’environ 3 km. De hautes et abruptes falaises se dressent des deux côtés de la petite rivière. Son lit est étroit et les eaux déferlent avec fracas dans le bas. Le Canyon du Trigrad adopte le statut de territoire protégé en 1963.

Siège de nombreux récits mythologiques et lieu de culte dans l’Antiquité, le massif a successivement connu les influences grecque, romaine, byzantine et ottomane. La présence des Turcs a laissé un héritage fait de religion musulmane et de traditions culinaires et musicales orientales. Notre auberge est idéale pour profiter de cette ambiance unique.

Nous séjournons à Trigrad, un village de montagne, où l’on dit que l’hiver dure huit mois. Nous séjournons dans une auberge familiale et conviviale où l’on cuisine à toute heure de la journée, du magnifique petit déjeuner aux grillades sur barbecue le soir. La musique est omniprésente et le patron Roman chante les chansons qui racontent la vie d’ici, la vie des montagnes. Le miel y est délicieux, tout comme cette confiture très parfumée aux jeunes pousses de pins… Au petit-déjeuner d’énormes tranches de pain façon pain perdu, accompagnées d’une fêta très douce et de cette délicieuse confiture des forêts, nous régalent. À chaque repas, on découvre un nouveau plat à base de poivrons, de yaourt, ou de sirene, ce fromage en saumure blanche la saveur similaire à la feta.

Le temps semble arrêté et pourtant les enfants sont nombreux à jouer dans le village en vélo, les femmes coiffées de foulards colorés fréquentent la famille qui tient l’auberge. Nous rencontrons une française qui a travaillé l’été dans une ferme et prend quelques jours pour découvrir le secteur, nous prenons un dîner ensemble.

Au pays du bois de chauffage

Utiliser les pistes forestières

Pour parcourir les plateaux et les pentes couvertes de forêts

Dévaller des gorges aux falaises abruptes

La jeune fille de l’auberge nous dira, une étincelle dans les yeux, que les lacs dans la forêt sont ses coins préférés

Ici, prendre le temps de cultiver une fraternité, une sororité entre le monde des humains et le monde naturel

Marcher sous terre dans la grotte de Yagodina

Avoir l’impression d’entrer dans le ventre d’une énorme bête

Des murs comme organiques, sculptés de vertèbres, de côtes et de viscères, lentement sculptés par le temps et l’eau qui transporte le carbonate de calcium

Percevoir les textures de ces pierres, de ces arbres, de ces ruisseaux…

Demain nous prendrons en jeep pour aller découvrir les hauteurs comme nous l’a proposé le chanteur de guitare ce matin, le patron de l’auberge ! Une journée sportive et étourdissante.

Des sentiers sinueux débouchent sur de vastes panoramas, la flore est très riche.  Les hauts plateaux sont superbes. Ils sont, en cet mi-août, d’un jaune un peu orangé entourés de forêts de sapins. Mario nous explique que la région était très pauvre. Seul le bois et les pierres étaient une ressource. Ici sur les hauteurs, le blé est cultivé pour produire le pain. Un délicieux pain cuit sur la braises et enduit d’huile et d’herbes pour être dégusté. 

De retour au village, sans cesse nous croisons des villageoises qui coupent et rangent du bois. Tomé et Seraphin renomme le lieu, le pays des bûcherons, avec de tels hivers, cela se comprend. Les potagers sont magnifiques. Vania, la maman de Mario nous explique que c’est la meilleure région pour les pommes de terre, le fromage… Les haricots produits dans tous les jardins sont délicieux en soupe épaisse.  Luc me montre que les ruches sont entourées de barrières anti ours.électrique à 4 niveaux! Nous rêvons de l’apercevoir. Et craignons de le croiser. Il parait qu’à certaines saisons il est possible de venir l’observer depuis des endroits spécialement aménagés et bien cachés. Si un jour nous revenons dans ces montagnes, ce sera pour pister l’ours brun.

Dans le secteur, la flore est très riche et les habitants proposent des sentiers botaniques et autres initiatives pour la découvrir. Vania s’est formée à l’herboristerie et en profite pour acheter quelques pieds de plantes qu’elle cultivera dans son jardin. Nous nous régalerons de délicieux thés et tisanes dont nous ne percerons malheureusement pas les secrets.

Des fouilles archéologiques ont révélé des nécropoles thraces mais aussi des habitations de la préhistoire, lorsque l’homme habitait les cavernes. Le canyon de Trigrad abrite la grotte abyssale Dyavolsko garlo (gorge du diable). Ce nom terrible provient de la terrible capacité d’engloutissement que possède cette  grotte – tout ce que l’eau traîne dans ces profondeurs ne ressort jamais. L’eau de la rivière disparaît dans un vide de 42 m, formant une chute d’eau spectaculaire, pour réapparaître 500 m plus bas sous la forme de source karstique.

Dans la gorge, une fontaine permet de se recueillir et de célébrer le mythe d’Orphée, le véritable amour et les efforts qui peuvent être fait pour le retrouver.  C’est  » l’eau d’Orphée », où Orphée a pleuré sa bien-aimée et comme le raconte la légende,  » Et de ses larmes surgit un torrent dans lequel les âmes des morts étanchèrent leur soif. » Ce torrent, justement, coule dans la grotte, qui est devenue une sorte de sanctuaire, avec des icônes. Chacun peut à sa guise, toucher l’eau, s’en déposer au coin des yeux, faire un voeu. 

Encore de la légende d’Orphée – lorsque les Bacchantes déchiquetèrent le corps d’Orphée et le jetèrent dans les eaux, chaque goutte de son sang se transforma en une belle fleur de montagne, appelée cilivryak. Le cilivryak (Haberlea rhodopensis) est une très belle fleur endémique, trouvée uniquement dans les Rhodopes.

4 Commentaires

  1. Lescieux

    Rhoooooo comment tu nous racontes les rhodopes, quel plaisir de lecture
    et la Bulgarie pays de la patate… ça donne bien bien bien envie

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    • Laurence

      Bulgarie pays du yaourt!!! Et pour une virée à venir ce serait canon! l’avantage c’est que c’est à deux pas de chez nous et que c’est vraiment dépaysant. Après notre avantage était d’être avec des bulgares, parce que sans un interprète c’est pas pareil. Bisous

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  2. Sophie CASIER

    Coucou Laurence,
    Un régal de pouvoir te lire, on a aussi l’impression de voyager.
    On a fait un petit saut en Slovénie avec Claire qui n’était pas mal du tout. Un petit saut pour moi également au Monténégro mais je ne connais pas encore la Bulgarie !
    J’aimerai bien tester l’Albanie dont on m’a dit beaucoup de bien.
    La vie est trop courte pour toutes mes envies !!!!!!!!!!
    Profitez bien de votre voyage et continuez à nous faire partager.
    Bisous

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    • Laurence

      Coucou Sophie,
      contente de te lire aussi. Marche en Europe centrale, une nouvelle envie dans la liste!
      Te dirai bientôt pour la Georgie.
      Bises

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