Marché tous les samedis matins de l’année
À 1h30 en voiture d’Oukaïmeden, notre camps de base.
Première participation à la vie sociale du Maroc pour les garçons. Ils se souviennent vaguement être passés aux souks de Marrakech en 2018 mais l’expérience vécue ici est toute autre. Nous partons à 8h pour rejoindre le souk du samedi, souk es-sabt en arabe, celui d’Asni la ville petite ville du coin.
À notre arrivée, nous nous garons assez loin, en prévision des embouteillages et du « souk » qui allait suivre. Nous entrons dans ce marché temporaire installé sous des toiles dressées d’une aire de terre battue. Nous sommes super excités et traversons les différents secteurs où les paysans et marchants du coin ont convergé très tôt le matin pour vendre leurs productions: légumes, fruits, bétail, volailles, vêtements, farines ou grains, artisanat…
Houssein invite Tomé à s’installer pour faire la photo sur le siège d’un coiffeur installé entre deux marchands de légumes. Finalement on opte pour une nécessaire coupe des pointes de sa tignasse légendaire. Le coiffeur très rieur, lui noue ensuite les mains avec un tissu jaune, sort une énorme pince et simule un arrachage de dent. En fait, il n’est pas que coiffeur mais aussi arracheur de dents et circonciseur.
On arrêtera là pour aujourd’hui !
Une forte odeur de poisson frit, de viande grillée, de gras et de fumée donnent une toute autre ambiance à l’autre bout du souk. Tout s’accélère, des hommes poussent un chariot rempli de caisses de sardines et tentent de forcer le passage au milieu de tout ce monde. Nous entrons précipitamment dans une cabane en dur, tout en longueur, occupée dans son entrée par la cuisine éphémère. Au fond une série de bancs et de tables basses nous permettent de nous installer. Des femmes accompagnées d’enfants, des hommes qui semblent être des marchands, un musicien passent, s’installent quelques minutes, se restaurent, et repartent. C’est exigu mais nous nous régalons d’une délicieuse soupe de lentilles, de fèves, et de tripes pour Houssein et Luc qui en sont friands…quelques instants de calme avant de replonger dans l’effervescence du souk.
Pour la suite de la traversée à bon pas, dès les premiers mètres mon regard fuit; nous entrons dans le souk des animaux et le souk des bouchers. L’Aïd aura lieu dans moins d’une semaine et l’ambiance tendue des préparatifs est palpable, des animaux vivants jouxtent les carcasses fraîchement abattues et des têtes de chèvres alignées sur une table attirent Séraphin qui les photographie habillement. Nous achetons quelques œufs à un jeune homme qui les emballe précautionneusement dans de la paille pour les protéger durant le transport. Cette traversée du souk des bouchers sera comme une apnée, une étrange mise en face de toute cette viande vivante ou morte. Je ne comprends pas vraiment ce qui se passe. Les garçons diront de cet partie du souk… « c’est très sympa là bas, c’est pas tant les têtes d’animaux mais c’est un peu glauque ! »
Ici le souk est un trait d’union entre la campagne et la ville, ce sera notre unique expérience « urbaine » de ces 15 jours dans l’Atlas Occidental. Un bain de foule, un moment fort qui laissera des souvenirs. Super plongée dans les lumières et les odeurs du Maroc. Submergés par l’abondance et tous ces échanges, nous repartons vidés. Une toute autre pratique du marché du samedi matin. Impatiente de découvrir le prochain marché.
Bonjour! J’ai appris votre projet de voyage par un article de Luso Journal.
Cette description du souk, toute en phrases courtes, au rythme des découvertes, accompagnée de ces photos vivantes, m’a ravie.
Violeta Figueiredo
Quelle expérience!!! Ça me rappelle notre arrivée au Congo Brazzaville il y a plus de 30 ans: mes premiers pas en Afrique et Régis me traîne au marché… Un peu comme ta description du marché des bouchers! On était partis pour 6 semaines seulement quant à nous, mais je me suis dit que j’allais peu manger durant notre séjour !!! Je devrais faire comme vous ça me contraindrait au régime forcé!