Traverser l’Anatolie par le Dogu Ekspresi!

par | 6 Sep 2023 | Au jour le jour | 3 commentaires

Après la déception de ne pouvoir vivre le transsibérien dont toute la famille et plus particulièrement moi rêvions, nous avons découvert le non moins mythique Dogu Express. Certes moins long, 2000 kms au lieu des 6000 Kms de son illustre confrère russe, le Dogu express n’en est pas moins une expérience unique. 42 heures quand même pour relier Istambul à Kars aux confins de l’Anatolie ! Au début tout va bien, un TGV dernier cri et très confortable (je dis ça car plus confortable que nos tgv français) nous emmène à Ankara en 4h30. Arrivé à Ankara dans une gare ultra moderne façon aéroport international on nous dirige vers l’ancienne gare attenante d’où le Dogu express part. Un heure à attendre dans un hall années 50 le train dont nous avons rêvé… ÇA Y EST LE VOILÀ ! Non quand même pas…pas ce vieux truc poussièreux quand même ! Et bien si, le Dogu Express c’est une vieille loco électrique et 8 wagons type train inter cité français des années 80. Nous cherchons notre wagon dans l’espoir de trouver un compartiment couchette qui nous attend. On a du rêver à un moment ou un autre, de couchettes nous avons quatre places assises et c’est tout, 2 + 2 l’un derrière l’autre: pour jouer aux cartes ça ne sera pas facile!

Bon il faut se faire une raison et les 27 heures annoncées de ce trajet risquent d’être longues ( il s’avèrera qu’elle deviendront 36 heures et seront plutôt épiques.)

Sur le quai un jeune homme d’une vingtaine d’année nous accoste voulant parler à des étrangers. Il nous fait comprendre qu’il vient des contrées du sud dévastées par le tremblement de terre et se retrouve ici à Ankara en transit. Passionné de trains et de voyages qu’il ne peut faire, il vient chaque jour à la gare assister au départ du Dogu Express. Racontant son histoire à Laurence les larmes lui coulent nous voyant partir alors qu’il devra rester là à attendre un prochain improbable départ. Au moment de partir, il frappe à notre fenêtre nous demandant de le rejoindre à la porte du wagon où il nous offrira quelques brioches achetées spécialement pour nous… c’est très touchant d’autant plus que voulant prendre son numéro pour garder le contact, il est déjà loin sur le quai au moment où le Dogu Express s’ébranle pour son long voyage vers l’Est. 

Les autres voyageurs de notre wagon sont des familles turques pour certaines encombrées de paquets et certainement habituées à ce long voyage à voire les provisions qu’elles emmènent. Les premières heures sont pour les enfants  le temps de la découverte des autres wagons, nous annonçant joyeux qu’il y a un wagon restaurant qui n’est pas encore ouvert mais que cela ne saurait tarder. Bon au moins on ne mourra pas de faim ni de soif. Le paysage défile au rythme lent du train qui souvent s’arrête puis repart au milieu de nulle part. Au bout de 4 ou 5 heures alors que la nuit est déjà tombée depuis longtemps, nous stoppons à la gare de Kirikale, par curiosité je regarde où se situe cette ville croyant avoir déjà fait un bon bout de voyage, que nenni Kirikale est à peine à 150 kms à vol d’oiseau d’Ankara, à cette vitesse là ça promet !

Laurence lit et avec les garçons nous allons tous les trois au restaurant !

Bien sur, la carte est en Turque et on ne comprend pas le Turque, alors au hasard on commende les trois plats à plus de 100 TL imaginant que cela doit être des plats consistants les autres étant sous les 50TL. Le serveur paraît étonné mais prend la commande. Un premier plat arrive très bien, riz et poulet, le second riz et köfte parfait c’est très simple mais bon, le troisième plat se fait un peu attendre, je laisse donc les enfants manger leur assiette et attend la mienne. Quand elle arrive enfin, je me retrouve avec un petit déjeuner complet ! (Nous comprenons le sourire du serveur, )

Mais bon nous voilà restaurés et prêt pour aller se coucher, d’ailleurs le wagon restaurant  ferme pour la nuit

Il faut alors prendre son mal en patience  et essayer de trouver une position qui nous permettra de dormir quelques heures. Au levé du soleil les paysages ont changés, nous sommes maintenant vraiment au cœur de l’Anatolie et de ses immensités arides.

Les paysages défilent splendides et puissants en un décors de film d’un plan séquence ininterrompu. De l’’inconfort de nos places, nous rejoignons le wagons restaurant pour en faire notre QG, je dessine l’intérieur du wagon avec les deux serveurs et leur montre le croquis, cette fois nous sommes adoptés et deux thés arrivent sans rien avoir commandé! Juste comme pour dire merci de les avoir dessiné. Nous passerons une bonne partie du voyage dans ce wagon à jouer aux cartes et au Bagamond (le jeu pratiqué partout par les turques dont nous avons appris les règles) dessiner et discuter avec d’autres backpakers aussi du voyage. Nous apprendrons plus tard qu’il existe aussi un Dogu express pour les touristes uniquement avec couchettes (2 à 3 liaisons par semaine en saison) Certainement plus confortable mais moins authentique !

Lentement nous avançons vers l’Est dans ces décors magnifiques maintenant de montagnes et gorges spectaculaires, comme depuis le départ le train s’arrête une fois de plus au milieu de nulle part, mais cette fois plus brusquement et chacun pressent qu’il se passe quelque chose d’anormal d’autant que le train repart en marche arrière sur quelques centaines de mètres puis repart et stoppe à nouveau… les enfants curieux se précipitent à l’avant du train avec quelques autres personnes et reviennent tout courant nous annoncer qu’il y a eu un éboulement (en réalité une coulée de boue) et que le train est bloqué pour un temps indéterminé. L’orage continue de gronder et la pluie reprend, Laurence panique un peu et veut que l’on rejoigne l’arrière du train au cas ou l’avant serait emmené par une autre coulée ! Nous rejoignons notre QG en queue de train et passons le temps à attendre que les secours arrivent et dégagent la voie. Rapides et efficaces les chemins de fer turques mettrons 5 heures pour rétablir la liaison et nous repartons vers Erzurum avec un retard cumulé de maintenant près de 7 heures.

Au fur et à mesure des arrêts le train se vide de ses passagers et c’est peu nombreux que nous descendrons du Dogu express à Kars terminus de la ligne de l’Est, nous devions arriver à 20h 30 il est 4h du matin et nous devons sacs sur le dos trouver notre hôtel dans une ville fantôme ! Nous tournons un peu et finalement nous couchons vers 5 heures du matin  cette fois dans un lit, quel luxe!

3 Commentaires

  1. Claire

    Quand vous serez de retour, le dernier Mission Impossible ne sera plus sur les écrans! Alors vous tenterez de le trouver quelque part en streaming, histoire de rassurer Laurence après son aventure à travers la Turquie improbable !

    Réponse
    • Laurence

      Merci pour le conseil. On pourra peut-être le voir sur netfixe… J’avoue, j’ai eu un peu peur. Je pense que la fatigue à joué. Et puis les intempéries, c’est tendance en ce moment… On croise les doigts pour la suite.

      Réponse
  2. Sophie CASIER

    Coucou Laurence et toute la petite famille,
    Je reprends maintenant votre périple et je découvre au fil des jours les différents pays, paysages, culture, anecdotes !
    Ca fait du bien et ça m’en rappelle (des anecdotes)… surtout le train et les transports en commun version populaires, voire très très populaires !!!
    Je poursuis ma découverte en Anatolie que vous avez quitté depuis un moment !!!
    Plein de bisous
    Belles aventures à vous
    Sophie

    Réponse

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *